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Vous pensez qu’une opération de secours n’est pas le meilleur moment pour former des travailleurs humanitaires ? Pas si sûr



Quality and accountability training in the Philippines

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—  © Loren Hyatt / Lutheran World Relief.

Par Loren Hyatt *

Il fait très chaud. Debout sous un soleil brûlant, vous faites la queue depuis plus d’une heure pour obtenir un paquet d’aide humanitaire, sans même vraiment savoir ce qu’il contient. Personne ne sait quand le personnel de l’agence humanitaire en charge de la distribution va faire son apparition. La foule s’impatiente. Les esprits commencent à s’échauffer. La sensation d’impuissance post-catastrophe s’intensifie…

Ce scénario est celui qu’aucun travailleur humanitaire ne souhaiterait imaginer. Et pourtant, un mois après le passage du typhon Haiyan, c’est la situation que j’ai rencontrée lors d’un voyage d’évaluation sur l’île de Bantayan, dans l’archipel philippin.

Située au nord-ouest de Cebu, la petite île de Bantayan a été violemment frappée par le typhon Haiyan/Yolanda début novembre. En raison de son emplacement et des défis logistiques qu’impliquait le transport de l’aide humanitaire, ses habitants ont dû patienter avant de recevoir des biens de première nécessité après la tempête.

De fait, un mois après le typhon, la situation restait encore désespérée dans certains villages. Les habitants n’avaient aucun matériel pour réparer ou reconstruire leurs maisons. Ils s’inquiétaient de savoir ce qu’il adviendrait d’eux une fois la nourriture la plus récemment distribuée épuisée. En outre, les vents qui ont balayé l’île ont ravagé bon nombre de leurs moyens de subsistance.

Face à cette situation sur l’île de Bantayan, une question s’est imposée à moi : en notre qualité de travailleurs humanitaires, que pouvons-nous faire pour veiller à ce que les personnes affectées par une catastrophe comme le typhon Haiyan ne souffrent plus par la suite, et surtout pas à cause de nos efforts pour atteindre les personnes qui en ont besoin ?

Ces derniers mois, la formation des travailleurs humanitaires en matière de qualité et de redevabilité est devenue une composante essentielle de la réponse humanitaire aux Philippines. Pour contribuer positivement au futur des Philippines et de la région, il nous faut à la fois améliorer la qualité des efforts actuels de secours et de relèvement et mettre sur pied des capacités au niveau local pour mieux répondre aux catastrophes futures.

En décembre et janvier, avec le soutien de son associée d’ACT Alliance, l’organisation Church World Service Pakistan/Afghanistan, Lutheran World Relief (LWR) a organisé douze formations sur la qualité et la redevabilité pour les travailleurs humanitaires locaux et internationaux dans des villes de toutes les zones affectées par le typhon. Ces formations ont trouvé écho auprès de presque 200 personnes de 85 agences et organisations différentes. Chaque session a été conçue sur mesure pour les participants, suivant les lacunes de connaissances identifiées sur les sites des formations.

Les travailleurs humanitaires arrivaient à chaque session bouillonnants d’impatience et avides d’apprendre. Tout en étant désireux de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour aider immédiatement les personnes frappées par la tempête, les participants à la formation ont également reconnu l’importance de prendre le temps de veiller à la redevabilité envers les personnes affectées au moment de planifier et d’exécuter leurs projets de réponse humanitaire.

Sur différents sites clés des zones affectées, LWR a dirigé des sessions sur l’utilisation des standards minimums du Projet Sphère après une catastrophe, avec un accent sur la mise en contexte des directives Sphère aux Philippines. Au fil de ces réunions, des acteurs humanitaires internationaux et locaux ont eu l’opportunité de prendre place autour d’une table et de collaborer pour identifier des manières d’appliquer des standards Sphère à la réponse au typhon Haiyan. De telles sessions améliorent la réponse de la communauté humanitaire après Haiyan, tout en préparant les travailleurs humanitaires à répondre aux catastrophes qui surviendront à l’avenir.

Bien connaître les principes et standards du Projet Sphère et comprendre comment les mettre en application peut permettre aux acteurs humanitaires d’éviter des scénarios de distributions similaires à celui que j’ai rencontré sur l’île de Bantayan. Dans l’urgence de répondre aux besoins, nous ne devons pas oublier que les populations ont le droit de vivre dans la dignité, de recevoir une assistance humanitaire et à bénéficier de protection et de sécurité durant une réponse humanitaire.

Plutôt que de les laisser de côté à la manière de spectateurs inutiles, Sphère promeut également la participation active des communautés affectées dans la planification humanitaire. En gardant ces engagements à l’esprit, nous sommes en mesure de concevoir des projets de réponse qui font naître chez les personnes un sentiment d’espoir qu’elles se relèveront de la catastrophe, plutôt qu’une sensation de désespoir ou de frustration face à nos actions.

En outre, comprendre et utiliser le manuel Sphère crée un langage commun parmi les agences humanitaires qui permet d’améliorer notre coordination et notre cohésion. À chaque fois que les acteurs humanitaires partagent des informations, nous comprenons mieux la situation, apprenons de nos expériences mutuelles et nous adaptons plus rapidement au contexte dans lequel nous travaillons.

En marge de cette formation sur les standards Sphère, LWR a dirigé des sessions sur le Standard du Partenariat International pour la Redevabilité Humanitaire (HAP) mettant l’accent sur l’échange d’informations, la création de mécanismes de traitement des réclamations, l’orientation sur le devoir de la gestion des soins et des équipes, la sûreté et la sécurité. LWR compte organiser cinq autres formations pour les travailleurs humanitaires en février.

Les formations sur la qualité et la redevabilité font évoluer la réponse des agences internationales et locales au typhon Haiyan et nous rappelle que les personnes affectées ont la priorité absolue en cas de réponse d’urgence.

En dépit de contraintes logistiques, de la bureaucratie et d’autres défis susceptibles de surgir durant les réponses humanitaires, les travailleurs humanitaires aux Philippines s’engagent à améliorer les efforts de secours et de relèvement en faveur de toutes les personnes touchées par une catastrophe.

Il est de notre responsabilité de placer les populations affectées au cœur de la réponse humanitaire et de les aider à préserver leur dignité. Comme l’un des participants à la formation me l’a confié, ces sessions de formation sur la qualité et la redevabilité sont « une belle manière de rappeler leur tâche aux travailleurs humanitaires… Les populations le méritent. C’est pour elles que nous mettons en place la réponse humanitaire ».

* Loren Hyatt est Associée programme aux urgences et à la communication de LWR pour l’Asie et le Moyen-Orient. LWR est point focal national Sphère aux Philippines et coordinateur de l’Alliance of Sphere Advocates in the Philippines (ASAP).

  • Pour de plus amples informations sur la réponse de LWR au typhon Haiyan, veuillez visiter la page programs.lwr.org/haiyan (en anglais).