Vers une redevabilité collective améliorée au Niger

Des mères rentrent à pied à la maison avec des rations supplémentaires pour leur enfants de moins de deux ans dans Tahoua, la région centrale du Niger. Photo © Catherine-Lune Grayson / IRIN

(*) Par Aninia Nadig

Suite aux examens opérationnels menés au Niger en mars 2015 par l’équipe chargée de la mise en œuvre de l’Agenda de Transformation (STAIT) du Comité permanent interorganisation (IASC), la redevabilité collective à l’échelle de l’équipe humanitaire pays est apparue comme un facteur important qui pouvait être amélioré.

Déterminé à assurer un soutien direct aux opérations de terrain, le groupe de travail de l’IASC sur la redevabilité envers les populations touchées (AAP) et la protection contre l’exploitation et les abus sexuels (PSEA) a réalisé une mission à Niamey (Niger) du 17 au 19 novembre.

Dans le cadre de cette mission de trois jours, le groupe de travail APP et PSEA de l’IASC a animé un atelier d’une journée destiné aux coordinateurs et aux animateurs de groupes sectoriels, ainsi qu’aux partenaires gouvernementaux et aux ONG locales. Une vingtaine de participants ont débattu des aspects prioritaires dans l’application concrète de la redevabilité collective.

Au cours des discussions menées sur la redevabilité, un membre du personnel du Projet Sphère et un représentant de l’Office Africain pour le développement et la coopération () ont apporté chacun leur éclairage.

Le Projet Sphère a insisté sur le rôle des standards humanitaires comme langage commun permettant d’améliorer la redevabilité collective. L’OFADEC, quant à lui, a étayé ce point de vue par des exemples concrets.

Après avoir passé en revue les meilleures pratiques de redevabilité à l’échelle individuelle et collective, les participants de l’atelier ont réfléchi aux possibilités de mieux prendre en compte l’avis des communautés touchées dans des contextes opérationnels différents au Niger.

Ces derniers vont du déplacement de population et des réfugiés le long de la frontière avec le Nigeria, à la situation des réfugiés nomades au nord-ouest du pays, à la frontière avec le Mali, le tout sur fond d’insécurité alimentaire généralisée.

Les participants à l’atelier ont insisté sur l’importance pour l’équipe pays et les groupes sectoriels humanitaires d’améliorer la diffusion d’informations pertinentes à toutes les parties prenantes, notamment les communautés touchées, ainsi que le besoin d’être redevable envers celles-ci quant à la stratégie et à la mise en œuvre de programmes humanitaires.

Afin d’améliorer la redevabilité collective globale du monde humanitaire dans le pays, les participants ont proposé de mettre en œuvre de manière systématique une série d’actions telles que les mécanismes communs pour traiter leur plaintes ou la transmission collective d’informations et de rapports.

Après avoir été informé des conclusions de l’atelier, Fodé Ndiaye, Coordinateur humanitaire des Nations Unies au Niger, a recommandé la création d’un groupe de travail pour élaborer un programme de travail reposant sur les actions proposées. Ce programme doit prévoir les ressources requises et le soutien éventuellement nécessaire de la part du groupe de travail de l’IASC AAP et PSEA. Il devra être présenté à l’équipe humanitaire pays pour être approuvé et appliqué en 2016.

Le Comité permanent interorganisations, auquel participent des partenaires humanitaires majeurs appartenant ou non au système des Nations Unies, constitue le premier mécanisme de coordination interorganisations de l’aide humanitaire. La direction de l’IASC a créé une équipe chargée de la mise en œuvre de l’Agenda de Transformation pour accompagner le déploiement de ce dernier sur le terrain.

L’Agenda de Transformation de l’IASC désigne une série d’actions visant à transformer la manière dont la communauté humanitaire intervient face à une crise. Il s’attache à améliorer la rapidité et l’efficacité de l’intervention collective grâce à de meilleures structures d’encadrement et de coordination et une meilleure redevabilité envers la population touchée par une catastrophe ou une crise.

(*) Aninia Nadig est responsable du Plaidoyer et de la Gestion du travail en réseau au bureau du Projet Sphère.