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« Sphère a ouvert un monde radicalement nouveau à la communauté humanitaire d’Iran »

« La communauté de l’aide internationale en Iran est de très petite taille, explique Kazemi, même si nous connaissons la crise des réfugiés la plus interminable au monde. Elle dure maintenant depuis plus de trente ans. À son plus fort, nous comptions trois millions de réfugiés inscrits. Aujourd’hui, nous en comptons un million mais beaucoup d’autres sont non inscrits. »

De par son combat pour aider les organisations humanitaires à répondre à une crise « systématiquement éclipsée au fil des années, » Kazemi est devenue le point focal de Sphère en Iran.

[Nazanin Kazemi] En 1992, pour la première fois, le gouvernement iranien a demandé une assistance internationale pour répondre aux besoins de la population de réfugiés, qui était essentiellement constituée d’Afghans et d’Irakiens.

Les ONG internationales qui ont répondu à cet appel à l’aide estimaient qu’elles avaient besoin d’un organe de coordination ; c’est pourquoi elles ont créé l’ICRI. Notre mandat n’était pas un mandat de mise en œuvre mais de coordination, de dissémination de l’information sur la situation des réfugiés en Iran auprès de la communauté internationale en amenant des ONG et des bailleurs de fonds à apporter leur aide.

Comme le gouvernement iranien voulait que notre organisme s’implique davantage dans la mise en œuvre, nous avons décidé que le renforcement des capacités nous permettrait de satisfaire à cette obligation tout en restant fidèles à notre mission d’origine.

Et c’est ainsi que nous nous sommes impliqués avec Sphère au fil des ans.

Nous avons traduit l’édition 2011 du manuel Sphère ainsi que la précédente en farsi. Le lancement de l’édition 2011 s’est déroulé en octobre dernier et il a réuni une centaine de participants, y compris des représentants du gouvernement ainsi que des ONG locales et internationales.

Malheureusement, nous n’avions pas reçu l’autorisation de réaliser des formations dès la parution de l’édition 2004. Alors cette fois, nous nous sommes efforcés de passer à la formation aussitôt après le lancement. 

Tant la formation comme la traduction et l’impression de la version farsi du Manuel est financé par le service de la Commission européenne à l’aide humanitaire et à la protection civile (ECHO) à travers son partenaire international, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) en Iran.

Nous avons déjà organisé un atelier pour la Société du Croissant-Rouge d’Iran et un autre pour des ONG locales et internationales et pour du personnel de l’ONU. Nous avons trois autres ateliers de formation en préparation, y compris un destiné au ministère de l’Intérieur.

Jusqu’ici, tout s’est déroulé à Téhéran, mais nous aimerions nous déployer au niveau national, nous rendre dans les provinces, faire des formations de formateurs car ce n’est pas l’intérêt qui manque. Ainsi, la Société du Croissant-Rouge d’Iran utilise beaucoup le manuel Sphère. Et elle aimerait disposer de ses propres formateurs Sphère.

Le gouvernement iranien souhaite que la communauté internationale apporte son aide. Il mise beaucoup sur la formation et le renforcement des capacités, notamment dans le domaine de la préparation aux catastrophes, car malheureusement nous en connaissons de nombreuses chaque année. Donc, nos relations sont bonnes.

Il faut bien comprendre que, comparé à ce que le gouvernement a dépensé sur les réfugiés au cours des 30 dernières années, le financement de la communauté internationale ne représente qu’une goutte d’eau. Cela signifie que nous sommes souvent mal placés pour demander quoi que ce soit.

Pour travailler en Iran, comme dans n’importe quel autre pays, vous devez fonctionner dans le respect des paramètres qui vous sont fixés. Cela impose des contraintes. Ainsi, par exemple, tout nécessite un permis. Pourtant, la formation, la préparation aux catastrophes, la réactivité, la réponse, la réduction de risques – ce sont là autant de choses qui, si elles sont négociées et financées correctement, peuvent être faites et porter des fruits en Iran.

Au moment du lancement du manuel, le représentant du ministère de l’Intérieur a déclaré combien il était important que Sphère soit intégré dans notre plan national de préparation aux catastrophes et de bénéficier d’une formation sur Sphère à l’échelle nationale. La Société du Croissant-Rouge s’est fait l’écho de ces propos.

La Société du Croissant-Rouge d’Iran, qui est très haut placée dans le plan national en cas de catastrophe, était notre partenaire dans la traduction du manuel Sphère et nous nous réjouissons à présent d’être en négociation pour déployer la formation au-delà de Téhéran. Cela signifie que les standards humanitaires et l’esprit de Sphère sont intégrés d’une manière ou d’une autre dans le plan de préparation aux catastrophes à l’échelle nationale.

À bien des égards, Sphère est un nouveau concept en Iran. Non que la réponse humanitaire et la formation soient des sujets nouveaux. Mais le fait qu’il existe désormais un manuel de terrain facile à lire est certes inédit. Le farsi ne se prête guère aux manuels de terrain – c’est la raison pour laquelle la traduction du manuel Sphère a été si difficile.

Mais ce n’est pas seulement Sphère en tant que manuel. Le fait que des travailleurs humanitaires puissent se regrouper et créer un tel produit au terme d’un processus participatif – ça c’est aussi quelque chose de nouveau.

En Iran, personne ne parle des standards humanitaires. Le droit humanitaire international est plutôt un sujet réservé aux intellectuels, uniquement abordé à l’université. Le citoyen lambda qui travaille dans le milieu humanitaire n’a sans doute pas la moindre idée de ce qu’est la Charte humanitaire ou le Code de conduite.

Donc le fait que ce que nous faisons tous les jours avec bonne volonté, comme travail bénévole, en guise d’intervention humanitaire dispose de sa propre structure, d’une philosophie, d’une légitimité au sens mondial est quelque chose dont tous les acteurs n’ont pas conscience.

Absolument. Ces concepts n’ont pas été occultés ; c’est plutôt qu’ils n’étaient pas facilement disponibles.

Le manuel Sphère a rendu cette information plus accessible. C’est gratuit. Cela ne suppose aucune dépense de la part des agences. Même la formation est gratuite. Et pour ceux qui ont encore plus soif de savoir, nous pouvons les diriger vers le site web de Sphère et le cours d’apprentissage en ligne.

Ainsi, Sphère a ouvert un monde radicalement nouveau à un secteur qui saura véritablement se servir de l’information. Je n’ai pas le moindre doute que ceux qui ont bénéficié d’une formation sont retournés dans leur organisation et, à tout le moins, ont partagé le site web avec leurs collègues.

Cet effet de percolation peut être énorme et je pense qu’il a déjà commencé, ce qui nous remplit d’espoir.

Un défi important réside dans la nature prolongée de la situation des réfugiés, qui est aggravée par le fait que les sanctions internationales nous ont cruellement atteints. Malgré le fait que les agences humanitaires soient censées être à l’abri des conséquences des sanctions, nous avons été très gravement touchées, que ce soit à cause des restrictions bancaires ou des difficultés pour obtenir des financements.

L’Iran donne aussi l’impression d’être un pays riche, ce qui fait que nous ne sommes pas éligibles à recevoir une assistance internationale. Pourtant, l’Iran a besoin de plus d’assistance pour sa population de réfugiés et les bailleurs de fonds internationaux ne devraient pas oublier que cette crise prolongée se poursuit.

Nous comprenons tout à fait que d’autres urgences soient prioritaires lorsqu’il s’agit de situations vraiment brûlantes, comme dans le cas de la Syrie ou du Yémen en ce moment. Mais l’Iran a besoin de gagner quelques places dans la file d’attente.

  • Télécharger le manuel Sphère en farsi.
  • Consulter le site web de l’International Consortium for Refugees in Iran.