
Son fils Suondo bien harnaché dans le dos, Marian Magumise (39 ans) pompe de l’eau d’un puits de forage construit par une agence humanitaire à Gokwe North (province des Midlands, Zimbabwe). Photo: © Simon Rawles/CAFOD
« Un travail important a été et continue d’être réalisé pour faire avancer l’utilisation de Sphère au Zimbabwe », souligne le rapport d’une étude approfondie mandatée par Trócaire, une association caritative religieuse irlandaise, laquelle met en avant des « efforts dans l’application des principes et standards Sphère en matière de planification », essentiellement « au niveau des agences humanitaires ».
Cette étude effectuée fin 2012 a notamment inclus des visites sur le terrain de programmes d’organisations humanitaires et d’agences gouvernementales dans les provinces d’Harare, de Manicaland, de Midlands et de Bulawayo. Pios Ncube et Kudzanayi Mayo, respectivement consultant indépendant et stagiaire chez Trócaire, ont été les personnes en charge de sa bonne exécution.
Si la situation humanitaire au Zimbabwe s’est améliorée ces trois dernières années, certains défis humanitaires demeurent. Selon le Bureau onusien de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), ils incluent « une insécurité alimentaire causée essentiellement par la sécheresse (surtout visible au sud du pays) et des éruptions sporadiques de maladies transmises par l’eau ».
En outre, « de nombreux groupes extrêmement vulnérables – malades chroniques, migrants de retour, demandeurs d’asile ou encore personnes déplacées – doivent toujours bénéficier d’une aide humanitaire ».
Dans ce contexte, « Trócaire a été au centre des efforts visant à soutenir et à promouvoir l’utilisation de Sphère au Zimbabwe », soulignent les auteurs de l’étude sur la diffusion de Sphère dans ce pays.
Caritas Zimbabwe, principal partenaire humanitaire de Trócaire dans le pays, a désigné dans chacun de ses huit diocèses un point focal de Sphère, en charge de l’intégration des principes et standards Sphère dans la planification et de la mise en conformité des outils de surveillance et d’évaluation.
Compte tenu du rôle crucial des responsables politiques, Caritas Zimbabwe a également tissé d’étroites relations avec le Ministère du travail et des affaires sociales du pays. Au niveau interne, afin de garantir un engagement « politique et stratégique », certains membres du Conseil d’administration de l’organisation, tels que les hauts dirigeants parmi les évêques, ont également suivi une formation axée sur les principes et standards Sphère.
Le rapport met par ailleurs en lumière l’implication des agences gouvernementales du Zimbabwe dans le lancement des principes et standards Sphère.
Ainsi, à Kadoma, une ville de la province du Mashonaland Occidental, les autorités locales ont intégré les standards Sphère à la fourniture de services tels que la distribution d’eau, le traitement des déchets, les services de santé publique, le logement ou encore les services à la communauté. Ce sont ainsi 40 fonctionnaires du Ministère de la santé et de l’enfance, de la police et des services carcéraux, entre autres départements, qui ont été formés.
« L’empreinte de Sphère est évidente à la prison de Kadoma, qui peut accueillir jusqu’à 560 détenus », indique le rapport. Des principes et standards Sphère y ont en effet été utilisés comme outils de promotion, de façon à améliorer la distribution d’eau, les systèmes de nettoyage et d’hygiène de la prison. Quelque quinze travailleurs sanitaires ont été formés au sein de la prison.
Comme le souligne le rapport, des ONG humanitaires locales et internationales s’engagent en faveur des principes et standards. Des diplômés du cours de formation des formateurs dispensé en 2011 et suivi d’un cours de remise à niveau début 2012 ont été désignés points focaux. Le noyau principal se compose de 35 travailleurs humanitaires issus de quinze agences et trois agences gouvernementales.
D’après le rapport, la promotion de Sphère compte sur le « plein soutien » des Nations Unies et de la communauté humanitaire au Zimbabwe. Le rapport souligne en particulier le soutien financier que l’UNICEF apporte aux activités liées à Sphère et à la promotion d’OCHA dans la mise en œuvre des standards Sphère.
Cependant, comme le reconnaît le rapport, un fossé demeure en matière d’institutionnalisation des standards Sphère dans les organisations du pays. Pour le combler, le rapport recommande de cibler des activités de conscientisation destinées aux « décideurs politiques et responsables haut placés du gouvernement, de l’église, de la société civile et du secteur privé ».
Parmi ses recommandations, le rapport met en exergue le besoin d’une stratégie commune pour promouvoir et mettre en œuvre les principes et standards Sphère ainsi que d’autres outils de redevabilité.
Il suggère également de collaborer avec l’autorité compétente au Zimbabwe en matière de gestion nationale des catastrophes naturelles (le Département de la Protection civile) pour encadrer l’intégration des principes et standards Sphère à la politique, à la législation et la stratégie de gestion des catastrophes.