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« Les communautés touchées par les catastrophes ont des droits » – Elmehdi Ag Wakina

Elmehdi Ag Wakina

En 2012, Norwegian Church Aid – membre de l’Alliance ACT – a présenté à Elmehdi Ag Wakina et ses collègues les standards et les principes Sphère. Photo © Richard Mané / The Sphere Project

« Cela nous a beaucoup frappés, explique Elmehdi, parce que généralement, quand il s’agit de redevabilité, les organisations ne pensent qu’aux bailleurs de fonds, à ceux qui leur ont donné les ressources. Elles oublient qu’elles sont aussi redevables envers les bénéficiaires, parce que c’est au nom de ces bénéficiaires qu’elles ont reçu l’appui des bailleurs de fonds. »

Membre de la minorité ethnique touareg du Mali et enseignant de formation, Elmehdi a travaillé en école primaire et secondaire avant d’entrer dans le secteur des ONG.

« J’ai quitté l’enseignement classique pour aller dans l’andragogie, la formation pour adulte », dit-il. Il a été attiré par le dynamisme du secteur du développement, où il a pu profiter de « la possibilité de créer, d’innover, les opportunités de changement des méthodes de travail ».

En 1996, il a rejoint l’Association Malienne pour la Survie au Sahel (AMSS), une petite ONG active dans le développement. Elmehdi a commencé à travailler comme formateur des animateurs. Six ans plus tard, il est devenu administrateur de l’organisation et, au bout de deux ans, il a été nommé directeur des programmes, poste qu’il occupe actuellement.

L’AMSS a commencé à travailler dans l’intervention humanitaire il y a trois ans. « En mars 2012, notre pays a connu une crise multidimensionnelle : sécuritaire, alimentaire et politique », rappelle-t-il. Les régions du nord du pays ont été le théâtre d’un soulèvement par des rebelles touaregs, suivi d’une prise de contrôle par des militants islamistes.

« Les trois régions du nord du pays ont été occupées pendant presque un an par des groupes armés. Conséquence : un quart de la population s’est déplacé soit à l’intérieur du pays soit à l’extérieur pour se réfugier dans d’autres pays. Les populations qui sont restées sur place vivaient dans une situation très précaire parce qu’il n’y avait plus de services sociaux de base. L’activité économique était également paralysée. »

Face à cette situation, l’AMSS et ses partenaires ont décidé de participer à des actions d’urgence. Ils ont commencé par la distribution alimentaire et l’aide nutritionnelle pour les enfants, les femmes enceintes et allaitantes.

Dans ce contexte, Norwegian Church Aid – membre de l’Alliance ACT et partenaire de l’AMSS – a présenté au personnel de l’organisation les standards et les principes Sphère.

Le premier atelier de formation était axé sur les principes humanitaires, la qualité et la redevabilité, et comprenait un aperçu des standards sectoriels du manuel Sphère. Cinq coordinateurs ainsi que le directeur des programmes ont été formés. À leur tour, ils ont formé les animateurs chargés de la mise en œuvre des projets sur le terrain.

Outre la redevabilité envers les bénéficiaires, « dans cette formation, l’accent sur le droit était extrêmement important – le droit et non le besoin. Il faut être conscients que les communautés qui sont touchées par les catastrophes ont des droits qui doivent être respectés », a ajouté Elmehdi.

« Notre démarche n’a rien à voir avec la charité. Nous sommes là plutôt comme acteurs humanitaires, et les communautés aussi sont actives. Elles peuvent suggérer des aspects à améliorer, alors que par le passé, on estimait que la communauté n’avait rien à dire. On se contentait d’intervenir, et les communautés étaient uniquement consommatrices. Les standards Sphère ont réellement amélioré la qualité des interventions et la façon d’agir à l’échelle communautaire. »

Aujourd’hui, l’AMSS est présente dans 40 des 52 communes de la région de Tombouctou. Elle prévoit d’étendre ses activités dans les régions de Mopti et de Ségou, au sud du pays.

Qu’est-ce qu’a modifié l’intégration des standards Sphère dans leur travail ? « Nous voyons que nous ne sommes pas les seuls à les utiliser – on constitue un ensemble d’acteurs qui doivent se donner la main pour qu’il y ait une meilleure qualité des interventions », affirme Elmehdi.

Il voit dans les standards Sphère un outil permettant de surmonter l’un des défis du secteur humanitaire : le manque de coordination. « Parfois, les acteurs humanitaires ont chacun leurs priorités qui ne s’inscrivent pas toujours dans la logique de coordination qui, elle, sert à assurer la qualité des interventions humanitaires. »

C’est pourquoi, selon Elmehdi, « nous pensons qu’une véritable diffusion des standards Sphère à l’échelle nationale, voire régionale, pourrait avoir un réel effet sur la qualité de nos interventions. »

« Il s’agit donc de mener un travail large de diffusion des standards à tous les échelons, partout où il y a des catastrophes, et même aux endroits où il n’y en a pas, parce qu’il faut toujours s’y préparer. »

[Elmehdi Ag Wakina a pris part à l’ les 28 et 29 octobre 2015.]

Faire la connaissance de praticiens Sphère en Afrique de l’Ouest (d’autres profils à venir) :

  • « Sphère permet de fédérer tout le monde » – Nicole Attro
  • « Les standards Sphère sont indispensables dans la réponse humanitaire » – Mansour Diouf