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La vérité est sur le terrain

Focus group discussion organised by the Listen Learn Act project in Makaisingh, Gorka District, Nepal « Trop souvent, les agences humanitaires n’établissent tout simplement aucun lien avec ceux qu’elles cherchent à aider. »   Photo : Une discussion en groupe de réflexion organisée par le projet Listen Learn Act à Makaisingh, district Gorka, Népal, en décembre 2015. © Nik Rilkoff/DCA

Par Erik Johnson (*)

« Ils nous donnent des aliments comme du riz, de l’huile et de la farine. Mais que faire de ces articles quand nous n’avons pas de cuisine ? Nous voulons de l’argent ; nous voulons nous sentir humains, pas humiliés en permanence. Je veux pouvoir acheter du chocolat et des bonbons pour mes enfants comme je le faisais avant, en Syrie. Je ne veux pas qu’ils se sentent privés de tout, tout le temps, et je ne veux pas avoir le sentiment que je ne peux rien leur donner. »

Tels sont les propos tenus par un réfugié syrien lors d’un entretien mené par le projet Local to Global Protection de DanChurchAid pour tenter de comprendre comment nous, les étrangers, pouvons mieux concevoir et mettre en œuvre nos interventions d’aide pour soutenir ce que les familles font d’ores et déjà pour s’en sortir.

Lorsque je fais part des conclusions clés de ces recherches à d’autres travailleurs humanitaires, ils secouent tous la tête ; ils ne savent que trop bien que les agences internationales d’aide se trompent souvent.

C’est pourquoi je suis fier de faire partie d’un projet comme Local to Global et du projet Listen Learn Act, qui cherchent tous deux à trouver de nouvelles manières de remédier au décalage fondamental au cœur de ce problème : l’inaptitude des agences d’aide à aider les personnes touchées par des catastrophes et des conflits à obtenir l’accès aux secours humanitaires externes, mais à le faire comme elles l’entendent et d’une manière qui soutient leurs propres capacités.

Le Projet Sphère collabore étroitement avec ce projet, et nous allons travailler ensemble pour éclairer mutuellement notre travail durant le diffusion de la (CHS), en plus d’échanger ce que nous apprendrons sur la façon de mesurer la qualité et la redevabilité avec la communauté humanitaire dans son ensemble.

La vérification sur le terrain désigne tout processus dans le cadre duquel les informations qui sont déduites – comme la supposition que l’aide sera effectivement utile dans une situation d’urgence – sont comparées aux informations obtenues grâce à l’observation directe sur le terrain. Elle a été utilisée dans des domaines aussi divers que la navigation spatiale – dans le cadre de laquelle les mesures sur le terrain sont comparées à celles obtenues par des satellites – ou le marketing et l’apprentissage automatique.

Ce qu’a fait Keystone Accountability, c’est introduire la vérification sur le terrain dans l’aide humanitaire. Les résultats obtenus sont choquants ; trop souvent, les agences humanitaires n’établissent tout simplement aucun lien avec ceux qu’elles cherchent à aider.

La vérification sur le terrain promet de changer cette situation grâce à une méthode innovante de collecte des informations. En posant aux personnes touchées quelque cinq questions à peine, la vérification sur le terrain peut fournir une sorte de « battement de cœur », un signe vital permettant aux agences de déterminer dans quelle mesure elles répondent aux attentes de base des personnes.

Le projet Listen Learn Act va piloter cette approche dans quatre pays au cours des 18 mois à venir. Ce processus va être des plus intéressants et, sans aucun doute, nous surprendre tous tandis que nous tentons de résoudre l’un des plus insolubles problèmes de l’action humanitaire internationale – un problème dont l’origine peut être retracée à la crise des réfugiés du Rwanda du milieu des années 1990, laquelle a entraîné la création d’initiatives comme le Partenariat de redevabilité humanitaire, le Réseau d’apprentissage actif pour la redevabilité et la performance dans l’action humanitaire, People In Aid et le Projet Sphère.

En février, l’équipe Listen Learn Act team et un membre du personnel de Sphère se rendront au Liban pour présenter le projet pilote de vérification sur le terrain aux quatre organisations participantes dans ce pays.

Nous nous adresserons à d’autres entités qui cherchent aussi actuellement à renforcer leur concentration sur la qualité et la redevabilité, afin de veiller à ce que tout ce que nous apprenons en tant que communauté humanitaire soit diffusé le plus largement possible. Et nous lancerons la conversation sur les ressources de formation que Listen Learn Act et Sphère peuvent mettre au point et diffuser en 2016 et au-delà, afin de veiller à ce que la CHS et les standards techniques fassent partie intégrante de notre approche en matière de qualité et de redevabilité.

La CHS constitue un progrès considérable pour ce qui est de fournir un cadre commun au plus grand nombre possible d’agences sur les questions de qualité et de redevabilité. Mais j’ai aussi acquis la quasi-certitude que, si une norme meilleure et plus universelle est une condition sine qua non pour une redevabilité accrue dans l’action humanitaire, les normes à elles seules ne suffiront pas. Nous avons besoin de recevoir une quantité supérieure de retour, un retour par ailleurs recueilli de manière plus systématique, pour conférer aux agences les moyens d’améliorer leurs interventions. C’est ce que Listen Learn Act cherche à faire.

Au cours des mois à venir, d’autres participants à ce projet et moi-même écrirons des billets de blog, transmettrons des tweets et documenterons notre apprentissage et les liens noués avec d’autres entités, y compris lors du Sommet humanitaire mondial qui aura lieu au mois de mai 2016.

Nous avons fait bien des progrès depuis la crise du Rwanda, mais il nous reste encore beaucoup de chemin à faire.

(*) Erik Johnson est chargé de l’intervention humanitaire au sein de DanChurchAid et était membre du Conseil de Sphère jusqu’en décembre 2015. DanChurchAid (à travers l’ACT Alliance) et Save the Children sont toutes deux représentées au sein du Conseil du Projet Sphère.